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12 juillet 2008 6 12 /07 /juillet /2008 22:08
Poupet 2008 – le royaume des lapins roses et de la frite molle

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Poupet, c'est avant tout un concert mythique, celui de 2005. Mythique, d'abord parce qu'il s'agit d'un de ces concerts parfaits, une première fois dont on peut dire « j'y étais ». Et d'ailleurs, en ce qui me concerne, je n'y étais pas, ce qui ajoute encore au mythe.

Croyez-vous que je sois jaloux ? Pas du tout ! Nous venions alors d'accueillir Rodrigue à la maison – il eût été un peu cavalier de lui faire entreprendre ce voyage à peine âgé de 10 jours...

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Alors quoi, partons-nous en 2008 pour un concert pas mythique, pour une de ces deuxièmes fois de trop, dont on dit « veni, vedi, tant pis » ? L'affiche ne laissait aucun doute sur le résultat : « pink martini » et « bijoux & babioles » pendant la même soirée...

La pauvreté quantitative de l'offre d'hébergement locale – qui, passé le 10 juillet, est bien compréhensible quoique fort inopportune – ne fait pas plus peur au spectateur motivé que les bouchons de l'A11 un samedi de grand départ. Et c'est avec une marge confortable que nous arrivons aux Moulins de Péronne vers 16h15, ce qui permet à toute la famille de pioncer jusqu'à 18h, pendant qu'au dehors les nuages gris arpentent un ciel changeant, pour autant qu'on peut en juger dans les bras de Morphée.

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Il est alors plus que temps de parcourir les 35 km qui nous séparent de la vallée de Poupet, en traversant au passage le très charmant bourg de Maulévrier, et, guidés par des palefreniers fort bien organisés, nous parquons à l'écurie notre bouillant destrier étoilé à robe souris.

Nous descendons vers le théâtre dit « de verdure » qui sera l'arène où l'on lachera tout à l'heure les tigres, mais comme dans tout cirque, il faut faire la queue... Enfin, Flo est là depuis plusieurs heures sans doute, et nous le hélons de loin en lui prodiguant toutes les marques de la plus cordiale reconnaissance. Feignant nous remettre, il arbore un grand sourire accueillant, en nous invite à le rejoindre dans un langage corporel d'une telle grâce que nous ne pouvons nous soustraire, et grillons la politesse aux nombreux illustres inconnus qui ont eu le mérite de se lever plus tôt que nous... Ne cherchez pas de message politique, il n'y en a pas encore. Et de toutes façons, équipé d'un enfant d'à peine trois ans et d'une femme enceinte, n'eût-il pas été la moindre des choses qu'il nous proposassent de passer sans même les solliciter ? Mieux vallait éviter de risquer qu'ils puissent se sentir goujats.

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Les portes s'ouvrent amphin sur l'enfithéâtre de verdure, et l'on découvre avec appétit les barraquements attenants au chapiteau, aux enseignes alléchantes illustrées de merguez, de steacks hachés et de frites. Mon cerveau reptilien est à la fête, tandis que le vétéran Flo nous instruit des consignes propres aux lieux, à savoir de les utiliser au plus tôt ; enfin si on les veut propres, les lieux. Rapidement, l'on retrouve les autres vétérans du Festival (Aurore, Brigitte) ainsi que quelques connaissances toutes fort esjouies de l'aubaine. Avec mes Belges préférées, je me rends à la baraque de frites la plus proche, et malgré leurs mines affligées m'empare d'une paire de barquettes de frites aux qualités mécaniques assez douteuses. Brigitte elle, a carrément l'air dégoûtée, et je la comprends in petto même si j'essaie de faire bonne figure – chuis pas chauvin mais on a sa fierté – n'est-ce pas chez elle que j'ai mangé les meilleures frites de ma vie ? C'était le 13 janvier 2007, tiens, et y avait du lapin à la bière, une merveille de gueuleton... Ahlalalala.
Mais là, il faut nourrir la petite famille ; Roro fera pas le difficile, et la future mère a les crocs. On charge la barquette en ketchup, et ça fera l'affaire avec une merguez bien épicée.


Mais houla, il est tard, suis claqué, vous posterai la suite demain.

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... et c'est en buvant nos frites qu'on apprend que la soirée débutera avec Juliette et non avec Pink Martini, ce qui laisse à Roro une petite chance de ne point s'endormir avant le clou complètement marteau de ce spectacle, faisant de la scène une sorte de clapier terrifiant et contagieux... on y reviendra. On apprend en même temps que le spectacle sera diminué d'un bon tiers, et qu'en ce moment même on ampute la pauvre créature... Le boucher a l'air de bien s'y prendre, car quelques minutes après, sans un cri, pile à l'heure, ça démarre. Juliette prévient tout de suite : c'est un festival, on n'a qu'une heure quinze ensemble, elle peut pas parler. Rires.

Malgré nos places assises (par terre) au premier rang, il faut bien admettre que la haie de festivaliers badaudant devant la scène est d'une opacité infranchissable, et qu'il faudra se lever pour y voir quelque chose. Rodrigue grimpe donc sur mes épaules et nous nous mêlons aux premiers rangs pendant la boîte en fer blanc. Tandis qu'il suce ses frites badigeonnées de ketchup là-haut, il me caresse régulièrement les cheveux. C'est gentil à cet âge là, hein ? Que nenni, il s'essuie les mains. Et comme il n'est pas question de rester le ventre à moitié vide, il réclame un ravitaillement toutes les 8 mesures : demi-tour barquette, deux frites, trempage dans le ketchup, retour à la fosse. Si casserolles et faussets a été épargné par le boucher, c'est pour être plus méchamment écorché sur scène - mais c'est son destin...

On enchaîne tu ronfles, fina estampa et la si belle reprise solo des garçons de mon quartier, toujours en allers-retours barquette-fosse, puis vient la jeune fille et le tigre, et là, je ne sais pas, coup de barre ou quoi, mais Roro veut descendre et, touchant le sol en rythme sur un coup de timbales bien appuyé, il sursaute et lance « j'ai peur de la musique ! ». Il se réfugie dans les bras de Séverine, et l'on se déplace au fond du théâtre pour la chorégraphie de la tyrolienne, qui se termine de façon toujours aussi... sympa. La salve d'applaudissement met un peu de temps à se tarir, avant que les loups ne viennent en remettre une couche sur la bonne ambiance.

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On redescend sur le côté de la scène pendant que Juliette entonne l'autre reprise, qué tal? (ne prenez pas mes indications de liste de titres trop au sérieux, quand on s'occupe d'un loulou de 3 ans on n'a pas toujours l'attention 100% sur la musique...) et puis l'admirable, pathétique et profond aller sans retour qui ouvre une nouvelle fois les vannes – je ne vois même pas la scène, occupé à surveiller Roro en train de rendre la justice sur un gniard qui essayait de lui piquer sa petite voiture.

Et je me dis qu'en marche funèbre, pour mon dernier voyage, un aller sans retour, que demander d'autre... « il faut du courage pour tout oublier / sauf sa vieille valise et sa veste usée / au fond de la poche un peu d'argent pour / un ticket de train aller sans retour », je trouve que ça le fait bien. Deux prozac dans mon absinthe, svp.

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Mais voici déjà le temps de la chanson profonde « avec des mots qu'on comprend pas tous » (j'adore l'ambiguïté) et qui doit enfin élever le niveau... J'attrape le Roro pour lui montrer ça d'en haut, mais dès qu'apparaît le premier lapin, il supplie qu'on s'approche de la scène... descente en trombe dans la fosse, pardon pardon 'scusez-moi, et j'ai droit aux commentaires en direct : « le lapin il fait de la grosse guitare ! Les lapins ils ont fait peur à Juliette ! Juliette elle s'est transformée en lapin !!! Je veux aller faire un bisou aux lapins ! »

Parenthèse :
Il faut tout de même que je vous montre : le tour de magie du spectacle, vous pouvez le faire chez vous pour pas cher, et épater ainsi vos amis. Et la prochaine fois que vous irez au spectacle, vous pourrez bomber le torse en disant « haha ! moi je sais le faire aussi, c'est quand même pas sorcier ».

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Pendant que le public, ravi, se ravitaille avant Pink Martini, nous négocions un passage vers les loges – le malabar est très pro, comme d'ailleurs toute l'organisation de ce festival – pour la bise sans laquelle un concert de Juliette n'en est plus vraiment un... oui, c'est une sorte de tendre addiction... mais bref, on a tout de même le temps de biser tout le monde et d'en apprendre de belles sur la remise de chevalier de l'ordre national du mérite (l'équivalent du mérite agricole, mais pour les huiles, pour ceux qui en seraient resté comme moi à leur Flaubert). Quand je dis que l'organisation est très pro, c'est aussi que l'on vous fouille à l'entrée pour vérifier que vous n'avez pas d'appareil photo sur vous. Vu que la sémillante Cathy est semble-t-il en vacances, j'avais pas d'accréditation et donc pas de photo... Mais, et d'une je ne vois pas très bien comment j'aurais pu en faire avec Roro sur la tête, et de deux je crois que Terpsi a fait quelques chouettes prises, peut-être qu'on en saura plus demain...

Un mot sur Pink Martini : on est resté pendant une vingtaine de minutes, ça marche très bien alors que c'est vraiment n'importe quoi : un mélange de styles à la fois techniquement très réussi (par exemple musique africaine, romantique, chinoise et jazz assemblés dans le même morceau avec des transitions très transparentes), musicalement fort agréable, et parfois totalement incongru (un blues chanté en chinois...). Le groupe semble avoir digéré sa musicographie, et fait fondre les frontières avec talent. Mais Roro était trop cuit pour qu'on pût rester encore, et l'on repartit vers les Moulins de Péronne sur le coup des onze heures, pour s'endormir une petite heure plus tard du sommeil du juste.

Le lendemain, retour sur Versailles via Angers, joli centre ville même si le quartier du musée fait un peu penser à du Piranese mal vécu...

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... si vous voyez ce que je veux dire.

Allez, la bise ! lol lol lol
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Henri
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